"Errance nocturne" avec Patrick PERROQUIN

Loin d’errer sans objectif précis, comme le laisserait croire la poésie de ce titre chargé de mystères, l’artiste sait parfaitement quel est son but. Son propos est de créer des conditions quasi ritualistes qui le conduiront dans son labyrinthe émotionnel. Patrick Perroquin nous présente une recherche, profonde et intime, sur l’humanité de la nature. Sa mythologie.
A l’heure bleue, aux portes de la nuit, l’artiste investit les landes désertées, les marécages fumant d’angoisse, et ce, justement pour dominer ses peurs. Il pénètre dans la forêt enchantée qui doit le conduire au contact de ces esprits de la nature qui manifestent leur terrible puissance de beauté céleste.
Un temple est un espace sacré où se célèbre un culte à une divinité, et pour Patrick Perroquin, errer dans les brumes énigmatiques et obscures, ce n’est pas ‘‘errer’’, c’est entrer dans le temple de la nature. C’est aller au-devant de des Devas qui sommeillent, alanguis dans les buissons, fondus dans les branches des arbres, moulés dans la roche, en flottant dans une eau de source.
Son approche, dont lui seul connaît le sésame, est purement initiatique. La domination des instincts ténébreux est la clé magique pour saisir les dryades du lieu.
Se perdant volontairement, l’artiste recherche cette émotion face aux loups invisibles. Manifestement, avec ces elfes en chêne, ces cœurs de mousse fluorescents, ces rapaces en écorce d’acacias, ou ces rhinocéros phalliques en bois flotté, voire ces serpents de bois, encore visqueux de liquide séminal, c’est tout l’érotisme esthétique de la nature qui se dévoile.

 Une démarche vraiment originale, à l’encontre des courants artistiques contemporains, qui privilégie plus la merveille de la nature que sa décadence.    
ASTA LA VISTA, BABY GALLERY   Albert Champeau
Patrick Perroquin a été le photographe de Jean-Marc Cerrone et de Claude Maxime. Avec Francis Delvert (chef de la direction technique à Olympus) créateur de l’Essonien, il a réalisé « l’Ange », une image dont le négatif mesure quatre mètres de long, qui est depuis exposées au Musée Français de la Photographie à Bièvres. Dans les années 90, il a ouvert successivement deux studios photo professionnels à Paris : Lumière du Jour, puis Night and Day, les premiers studios en lumière naturelle.